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“Horizon : Zero Dawn”, la vie après une apocalypse technologique

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Édité par Guerilla Games, le jeu vidéo Horizon : Zero Dawn a été l’une des plus belles surprises de l’année 2017. Une immense carte composée d’une nature luxuriante, des graphismes à couper le souffle, un design novateur pour les créatures mécaniques… Cette réalisation visuelle parfaite met en valeur un scénario science-fictionnel passionnant, et une héroïne aussi forte qu’intelligente.

Le pitch : assoiffés de progrès technologique, les humains ont développé un monde ultra-dépendant aux machines. Suite à l’utilisation de ces technologies à des fins militaires, une crise sans précédent va apparaître. Des drones biotechnologiques vont se répliquer eux-mêmes, toujours plus, en absorbant la biomasse de la Terre via ce processus. Hors de contrôle et en complète autonomie, ces machines détruisent la planète et menacent la vie.

La solution au cauchemar : un reboot de la Terre

La brillante Dr Sobeck trouve une solution originale : une remise à zéro de la planète grâce à un processus de terraformation. Ce reboot était censé permettre la reconstitution d’une biosphère et donc la regénération de la vie. Consciente que les humains n’auront pas le temps de mettre ce processus eux-mêmes en oeuvre, Sobeck va confier les manettes de la terraformation à GAÏA, une intelligence artificielle conçue pour être bienveillante. Une fois toute vie éteinte sur Terre, cette IA va donc lancer, 1000 ans plus tard, la procédure : extinction des machines, création par clonage de nouveaux êtres humains à partir de stocks d’ADN, reconstitution d’une biosphère naturelle pure…

Voilà jusqu’ici une bien belle histoire, mais les choses vont mal tourner. Inutile de trop vous en révéler sur les raisons du “bugg”, mais le processus va être stoppé en cours de route. Résultat, la nature est belle et bien reconstituée, mais de façon incomplète et pas totalement biologique. Il existe une flore, mais elle est “électrique”. L’Humanité a été clonée avec succès, mais seuls quelques animaux de petite taille ont pu l’être aussi. Le plus gros problème reste que les machines sont loin d’avoir été désactivées. La planète est peuplée d’animaux-machines, parfois inoffensifs, mais souvent féroces et destructeurs.

Le travail de GAÏA ayant été interrompu, les humains recréés par clonage n’ont pas pu recevoir les savoirs et techniques de l’Humanité d’autrefois : exit l’Histoire et les sciences et tout le reste. Dans ce monde post-apocalyptique, les humains sont de retour à un stade moyenâgeux. Les soins se font avec des plantes et du tissu, les Hommes habitent bien souvent dans des cabanes boisées, les grands édifices sont des châteaux de roche, on s’éclaire à la lueur du feu, on chasse avec des arcs et des flèches. Le monde est divisé en grandes tribus, en fonction de zones géographiques et de croyances spirituelles.

Un monde post-apocalyptique rempli de technologies

Ce nouveau monde est certes archaïque, mais loin d’être primitif. Les nouvelles sociétés qui peuplent la Terre sont complexes, très organisées, souvent hiérarchisées, avec une culture définie, et une technique plutôt développée – notamment en ce qui concerne l’architecture de certaines cités. Par ailleurs, la peuplade du personnage principal, Aloy, s’avère être dirigée par des Matriarches.

Que tous ces aspects moyenâgeux ne trompent pas : la technologie est omniprésente. Elle s’incarne en premier lieu dans les machines, ces créatures animales mécaniques dotées d’IA. Les peuplades s’y confrontent régulièrement. Certains vêtements sont d’ailleurs composés en partie de restes de ces machines.

Les ruines de l’ancien monde sont visibles un peu partout. Ce sont des bâtiments délabrés qui étaient probablement autrefois des buildings hyper-modernes ou des laboratoires high-tech. Ces vestiges sont généralement interdits d’accès par la plupart des peuplades, car ils sont censés être maudits. Aloy, l’héroïne, va malgré tout s’y engouffrer alors qu’elle n’était une enfant, et tomber sur un “focus”, un dispositif qui se fixe sur l’oreille et permet de visualiser un environnement “augmenté”. Elle obtient ainsi des informations sur les objets technologiques dans les labos en ruine, autant qu’elle peut identifier, tracer et chasser plus efficacement les machines. Précisons d’ailleurs que ce “focus” fait partie de l’originalité propre à la mécanique de jeu de “Horizon : Zero Dawn” : c’est un vrai plaisir de devoir identifier les points sensibles des créatures en fonction de leurs différents composants. Il existe aussi une secte, “l’Éclipse”, qui voue un culte à une étrange entité technologique très intelligente.

L’expérience de jeu est exceptionnelle grâce à ce mélange entre un monde post-apocalyptique moyenâgeux et la présence de technologies. La nature environnante semble si pure et biologique, avec toute une richesse végétale, et pourtant les machines dominent et l’héroïne est partiellement “augmentée”. Manier un arc et des flèches pour tuer des machines est incroyablement grisant, mais “Horizon” ne se limite pas à un plaisir ludique, l’histoire que nous vivons à travers les traits d’Aloy est profondément humaniste, et non-dénuée de questions philosophiques.

Impossible de ne pas terminer en glissant quelques mots au sujet de Aloy. Par sa seule existence, elle semble concrétiser une évolution de taille dans le monde du jeu vidéo. Fini les héroïnes qui ne sont là que pour être sexy, ou inversement qui ne sont que des guerrières copié/collé sur les types masculins. Aloy est une femme forte, qui sait se battre et qui ne se laisse jamais marcher sur les pieds. Mais le fait qu’elle soit une guerrière ne l’empêche pas d’avoir des sentiments, d’être bienveillante. Sa psychologie est complexe, et si on peut considérer qu’elle dégage un certain charme, ce n’est nullement le fait de son physique… C’est de charisme dont il est question, car il s’avère qu’elle est brillante, une fine stratège qui mérite son statut d’héroïne tant elle se dédie corps et âme à venir en aide à ce monde post-apocalyptique.

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Anticipation N°3 : voici les entretiens au sommaire

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Que peuvent nous dire les nouveaux mondes qui émergent après la fin du monde ? Cette question remet d’emblée en question la notion même de fin, portant le focus sur l’« après ». Que pouvons-nous trouver en regardant au-delà du chaos apparent de la fiction post-apocalyptique, pour y chercher les formes de renouveau et d’espoir qu’elle dépeint, les messages qu’elle adresse à notre présent ? Nous avons pris ces œuvres comme un laboratoire de pensée, tout en allant chercher aussi des clés dans la science et l’histoire. Comment l’humanité perçoit-elle son avenir et son champ des possibles ?

Voici le sommaire de ce numéro 3, avec les grands entretiens qui structureront cette nouvelle enquête dans les futurs possibles.


Partie 1 : « dépasser la fin du monde »

Les récits post-apocalyptiques ne sont pas tant des récits de la fin ni de l’apocalypse, que des récits de l’après. Des récits d’un nouveau monde naissant. Comment se distinguent-ils d’une approche purement apocalyptique ? Introduction avec Elisabeth Vonarburg, écrivaine.

LES ENTRETIENS :

  • Yannick Rumpala

Chercheur spécialisé du thème “science-fiction et politique”. Quel est l’imaginaire véhiculé par les récits post-apocalyptiques ?

  • Natacha Vas-Deyres

Chercheuse spécialiste de la science-fiction française. Quelles sont les particularités du post-apo français ? Et si ces récits étaient finalement proches du genre utopique ?

  • Ketty Steward

Romancière et poétesse française. » Et si les débats sur la fin du monde étaient finalement une occasion de changer d’angle et d’échelle ? Et si c’était aussi un tel changement de perspective que pouvait apporter la SF avec les mondes post-apocalyptiques ?

  • Manouk Borzakian

Géographe, auteur de Géographie Zombie. Il évoque le cinéma post-apocalyptique — de La Route à Mad Max — à travers la perception moderne de nos habitats et de notre rapport aux autres.

  • Brendan McCarthy

Coscénariste de Mad Max Fury Road. Des coulisses du film et à sa portée, comment ce 4e opus renouvelle la licence Mad Max avec des thématiques écologistes, féministes, et davantage d’espoir.

Partie 2 : « notre humanité mise à l’épreuve »

En retirant toutes les structures qui forment notre société, les mondes post-apocalyptiques mettent l’humanité à nu — et donc à l’épreuve, livrant un miroir critique de notre époque. Introduction avec Elisabeth Vonarburg, écrivaine, Jannick Tai Mosholt, showrunner de The Rain, série post-apocalyptique danoise sur Netflix.

LES ENTRETIENS :

  • Mamytwink

Youtubeur, explorateur urbain, réalisateur d’un documentaire sur Tchernobyl. Il nous plonge dans sa visite de ce lieu post-apocalyptique bien réel.

  • Peng Shepherd

Romancière américaine (Le Livre de M). Comment nos liens humains pourraient-ils substituer si la société s’effondre ?

  • John Gonzalez

Directeur narratif des jeux vidéo Horizon Zero Dawn, Horizon Forbidden West. Il évoque les coulisses d’écriture de ces jeux, qui s’inscrivent dans un univers post-apocalyptique paradoxalement « optimiste et verdoyant ». 

  • Pia Guerra

Cocréatrice et dessinatrice de la BD Y le dernier homme, dont l’adaptation en série TV est prévue pour septembre 2021. Elle nous explique pourquoi, derrière son genre post-apo, ce comicbook est surtout un récit de renouveau.

PARTIE 3 : « survivre ne suffit pas »

De Station Eleven à The Last of Us, les œuvres post-apo ne décrivent pas seulement des humains qui survivent, mais des humains qui gardent de l’espoir, des envies, des passions. Introduction avec Jannick Tai Mosholt, showrunner de la série post-apocalyptique The Rain sur Netflix.

LES ENTRETIENS :

  • Alexandria Neonakis

Character artist du jeu vidéo The Last of Us Part II. Comment représenter l’humanité dans environnement post-apocalyptique ?

  • Pat Murphy

Romancière américaine (La Ville peu de temps après). Et si les contextes post-apocalyptiques étaient l’occasion de proposer de nouvelles utopies, de nouvelles formes de société, par exemple davantage basées sur les arts ? 

  • Estelle Faye

Romancière française (Un éclat de givre / Un reflet de Lune). L’écrivaine nous parle de son approche du genre post-apo, et pourquoi les arts peuvent être ce qui noue relie, ce qui perdure à toute épreuve même après un effondrement de société.

PARTIE 4 : un rapport à la nature bouleversé

Les œuvres post-apo retirent toutes les structures de la société, et, ce faisant, changent totalement notre rapport à la nature. Les discours sur l’effondrement portent eux aussi une approche différente de la nature. Comment interpréter ces nouveaux récits liés à notre environnement ? Qu’est-ce que la pandémie nous montre d’ailleurs de notre rapport actuel à la nature ? Introduction avec Sara Lewis, biologiste spécialiste de la conservation des lucioles, et Jannick Tai Mosholt, showrunner de The Rain.

LES ENTRETIENS :

  • Monika Kaup

Chercheuse en littérature américaine. Elle évoque les liens entre post-apo contemporain et l’écologie.

  • Francesca Cagnacci

Biologiste. Elle est la cocréatrice du concept scientifique d’Anthropause, désignant l’impact sur la faune de la pause des activités humaines pendant la pandémie Covid-19.

  • Stéphanie Margeth

Survivaliste.

  • Gauthier Chapelle

Cofondateur du concept de collapsologie, ingénieur agronome : il milite pour que l’entraide soit une « autre loi de la jungle », comme base d’une nouvelle société.

PARTIE 5 : « la continuité des mondes »

Des « fins du monde » ont déjà eu lieu dans l’histoire humaine, et les théories de l’effondrement ne parlent pas toujours d’un effondrement brutal, soudain, sans lendemains. Le concept même de « fin du monde » a-t-il donc un sens ? Certaines crises actuelles sont-elles des fins du monde à des échelles individuelles, collectives ? Introduction avec Patricia McAnany, historienne spécialiste de la civilisation Maya et de sa disparition.

LES ENTRETIENS :

  • Pablo Servigne

Cofondateur du concept de collapsologie.

  • Marie Bécue

Avocate, administratrice à Médecins du Monde, experte en protection des droits humains.

  • Alice Baillat

Spécialiste des migrations climatiques au sein de la Division Migration, Environnement et Changement Climatique de l’OIM.

  • Jean-Sébastien Steyer

Paléontologue. L’histoire de la planète est-elle une succession de mondes post-apocalyptiques ? La notion d’effondrement a-t-elle vraiment du sens sur le plan scientifique à de telles échelles ?

PARTIE 6 : qu’implique le renouveau ? 

Partie conclusive, en compagnie de Mary Robinette Kowal, romancière américaine.

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Anticipation sera au Salon du Livre de Paris 2020

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En 2019 puis en 2018, nous avons eu le plaisir de vous rencontrer aux Utopiales, le festival international de science-fiction de Nantes. Puis, début 2020, vous avez été nombreux et nombreuses à venir à notre événement dédié à des « contes de l’odyssée spatiale », à Rennes. Nous voulons multiplier ces rencontres avec vous partout en France, à différentes occasions. Nous sommes donc particulièrement heureux de vous annoncer notre présence au Salon du Livre de Paris, sur l’invitation de Books on Demand, pour une séance de dédicace.

La rencontre aura lieu le dimanche 22 mars 2020, de 16h à 18h, sur le stand P33 tenu par Books on Demand. Des exemplaires du numéro 1 et du numéro 2 seront disponibles. Nous mettrons à jour ce post si nous participons à d’autres événements sur place.

Le salon du Livre de Paris se tient comme chaque année à Paris Porte de Versailles Pavillon 1, Boulevard Victor, dans le 15e arrondissement. L’événement a lieu du vendredi 20 au 23 mars. L’entrée se fait par billetterie, il vaut mieux donc s’y prendre à l’avance et réserver les billets à l’avance. Cette année, l’Inde est à l’honneur.

Si vous souhaitez nous rencontrer à cette occasion mais en dehors du créneau de la séance de dédicace, par exemple pour une interview, n’hésitez pas à nous contacter quelques temps en amont.

Illustration de couverture : Livre Paris 2019

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