Que peuvent nous dire les nouveaux mondes qui émergent après la fin du monde ? Cette question remet d’emblée en question la notion même de fin, portant le focus sur l’« après ». Que pouvons-nous trouver en regardant au-delà du chaos apparent de la fiction post-apocalyptique, pour y chercher les formes de renouveau et d’espoir qu’elle dépeint, les messages qu’elle adresse à notre présent ? Nous avons pris ces œuvres comme un laboratoire de pensée, tout en allant chercher aussi des clés dans la science et l’histoire. Comment l’humanité perçoit-elle son avenir et son champ des possibles ?
Voici le sommaire de ce numéro 3, avec les grands entretiens qui structureront cette nouvelle enquête dans les futurs possibles.
Partie 1 : « dépasser la fin du monde »
Les récits post-apocalyptiques ne sont pas tant des récits de la fin ni de l’apocalypse, que des récits de l’après. Des récits d’un nouveau monde naissant. Comment se distinguent-ils d’une approche purement apocalyptique ? Introduction avec Elisabeth Vonarburg, écrivaine.
LES ENTRETIENS :
Chercheur spécialisé du thème “science-fiction et politique”. Quel est l’imaginaire véhiculé par les récits post-apocalyptiques ?
Chercheuse spécialiste de la science-fiction française. Quelles sont les particularités du post-apo français ? Et si ces récits étaient finalement proches du genre utopique ?
Romancière et poétesse française. » Et si les débats sur la fin du monde étaient finalement une occasion de changer d’angle et d’échelle ? Et si c’était aussi un tel changement de perspective que pouvait apporter la SF avec les mondes post-apocalyptiques ?
Géographe, auteur de Géographie Zombie. Il évoque le cinéma post-apocalyptique — de La Route à Mad Max — à travers la perception moderne de nos habitats et de notre rapport aux autres.
Coscénariste de Mad Max Fury Road. Des coulisses du film et à sa portée, comment ce 4e opus renouvelle la licence Mad Max avec des thématiques écologistes, féministes, et davantage d’espoir.
Partie 2 : « notre humanité mise à l’épreuve »
En retirant toutes les structures qui forment notre société, les mondes post-apocalyptiques mettent l’humanité à nu — et donc à l’épreuve, livrant un miroir critique de notre époque. Introduction avec Elisabeth Vonarburg, écrivaine, Jannick Tai Mosholt, showrunner de The Rain, série post-apocalyptique danoise sur Netflix.
LES ENTRETIENS :
Youtubeur, explorateur urbain, réalisateur d’un documentaire sur Tchernobyl. Il nous plonge dans sa visite de ce lieu post-apocalyptique bien réel.
Romancière américaine (Le Livre de M). Comment nos liens humains pourraient-ils substituer si la société s’effondre ?
Directeur narratif des jeux vidéo Horizon Zero Dawn, Horizon Forbidden West. Il évoque les coulisses d’écriture de ces jeux, qui s’inscrivent dans un univers post-apocalyptique paradoxalement « optimiste et verdoyant ».
Cocréatrice et dessinatrice de la BD Y le dernier homme, dont l’adaptation en série TV est prévue pour septembre 2021. Elle nous explique pourquoi, derrière son genre post-apo, ce comicbook est surtout un récit de renouveau.
PARTIE 3 : « survivre ne suffit pas »
De Station Eleven à The Last of Us, les œuvres post-apo ne décrivent pas seulement des humains qui survivent, mais des humains qui gardent de l’espoir, des envies, des passions. Introduction avec Jannick Tai Mosholt, showrunner de la série post-apocalyptique The Rain sur Netflix.
LES ENTRETIENS :
Character artist du jeu vidéo The Last of Us Part II. Comment représenter l’humanité dans environnement post-apocalyptique ?
Romancière américaine (La Ville peu de temps après). Et si les contextes post-apocalyptiques étaient l’occasion de proposer de nouvelles utopies, de nouvelles formes de société, par exemple davantage basées sur les arts ?
Romancière française (Un éclat de givre / Un reflet de Lune). L’écrivaine nous parle de son approche du genre post-apo, et pourquoi les arts peuvent être ce qui noue relie, ce qui perdure à toute épreuve même après un effondrement de société.
PARTIE 4 : un rapport à la nature bouleversé
Les œuvres post-apo retirent toutes les structures de la société, et, ce faisant, changent totalement notre rapport à la nature. Les discours sur l’effondrement portent eux aussi une approche différente de la nature. Comment interpréter ces nouveaux récits liés à notre environnement ? Qu’est-ce que la pandémie nous montre d’ailleurs de notre rapport actuel à la nature ? Introduction avec Sara Lewis, biologiste spécialiste de la conservation des lucioles, et Jannick Tai Mosholt, showrunner de The Rain.
LES ENTRETIENS :
Chercheuse en littérature américaine. Elle évoque les liens entre post-apo contemporain et l’écologie.
Biologiste. Elle est la cocréatrice du concept scientifique d’Anthropause, désignant l’impact sur la faune de la pause des activités humaines pendant la pandémie Covid-19.
Survivaliste.
Cofondateur du concept de collapsologie, ingénieur agronome : il milite pour que l’entraide soit une « autre loi de la jungle », comme base d’une nouvelle société.
PARTIE 5 : « la continuité des mondes »
Des « fins du monde » ont déjà eu lieu dans l’histoire humaine, et les théories de l’effondrement ne parlent pas toujours d’un effondrement brutal, soudain, sans lendemains. Le concept même de « fin du monde » a-t-il donc un sens ? Certaines crises actuelles sont-elles des fins du monde à des échelles individuelles, collectives ? Introduction avec Patricia McAnany, historienne spécialiste de la civilisation Maya et de sa disparition.
LES ENTRETIENS :
Cofondateur du concept de collapsologie.
Avocate, administratrice à Médecins du Monde, experte en protection des droits humains.
Spécialiste des migrations climatiques au sein de la Division Migration, Environnement et Changement Climatique de l’OIM.
Paléontologue. L’histoire de la planète est-elle une succession de mondes post-apocalyptiques ? La notion d’effondrement a-t-elle vraiment du sens sur le plan scientifique à de telles échelles ?
PARTIE 6 : qu’implique le renouveau ?
Partie conclusive, en compagnie de Mary Robinette Kowal, romancière américaine.